Est-ce que le chef est solidaire ? Les ethos d’identification dans le discours politique hégémonique de Nicolas Sarkozy
Résumé
D’après Patrick Charaudeau (2005), le discours politique qualifié d’hégémonique se fabrique actuellement selon les modes d’interaction, mais aussi, et peut-être principalement, selon l’identité des acteurs qui s’y trouvent impliqués. Appréhendé selon ce point de vue, ce type de discours paraît dévoiler beaucoup plus les mécanismes de communication, à savoir les procédés de sa mise en scène, que la teneur de son propos. En effet, la mise en scène discursive s’appuie sur le recours à diverses stratégies, dont les stratégies persuasives introduites dans le discours à travers les figures rhétoriques semblent jouer un rôle prépondérant. Or, il importe de faire remarquer qu’à ces dernières viennent s’ajouter les effets de pathos et d’ethos qui, tout en finissant par tenir lieu de valeurs de vérité, sont censés remuer les coeurs de ses récepteurs. Dans cet article, nous nous pencherons essentiellement sur l’ethos discursif de l’orateur qui sera considéré ici comme l’un des moyens discursifs permettant à l’émetteur du discours de construire une image de soi. En accord avec l’hypothèse que, dans le discours de Nicolas Sarkozy constituant l’objet de notre étude basée sur un corpus englobant une dizaine d’interventions publiques du président (soit 65 000 mots environ), certains ethos d’identification relèvent de l’affectif social pour devenir ainsi un élément central de la mise en scène du discours examiné. En d’autres termes, le discours sarkozien, avec son éventail d’instruments langagiers, semble chercher à se créer des imaginaires qui, par le biais d’un processus d’identification irrationnel, permettront à ses récepteurs de fondre leur identité dans la sienne et, par conséquent, de se laisser emporter par un élan d’adhésion à sa parole politique.Mots-clés :
discours, rhétorique, identité, pathos, ethosRéférences
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